Revenir à Oxford était décidément bien étrange. Ma vie avait considérablement changé et pourtant retrouver cette ville, cette université, ces personnes… tout cela avait le don de me troubler au plus haut point. D’abord, devenir infirmière à temps partiel dans l’université qui m’avait vu grandir et devenir une femme. Ensuite, retrouver Côme qui avait alors réveillé en moi des sentiments de jeunesse et cela malgré le fait que je sois en couple et qu’il dorénavant mon garde du corps. Et enfin Billie, ma meilleure amie et confidente avec qui la complicité été toujours présente malgré le fait évident que nos quotidiens et nos vies avaient profondément changés.

J’avais à cœur de retrouver un bonheur passé afin de m’éveille de nouveau et de redevenir la femme que Côme et Billie avaient connue. Cependant, ma vie actuelle semblait tellement maussade que je craignais également qu’ils n’apprécient pas la femme que je sois devenue. Si Billie semblait avoir changé comme moi, ce n’était pas le cas de Côme dont une part de moi voulait toujours lui plaire malgré une situation délicate.

Mais pour l’heure, c’était avec Billie que j’avais rendez-vous. Un petit rituel que nous avions instauré comme nous en avions tant par le passé. Un café au Starbucks de l’université pour bien commencer la journée. Mes contrats de remplacement à l’université étaient pour moi une véritable bouffée d’air et même si cela restait occasionnel, je comptais bien en profiter. Ce matin, j’étais arrivée tout juste à l’heure parce que pour une fois mon compagnon ne voulait pas me lâcher. La faute à une période d’ovulation imminent qui le faisait valser autour de moi comme un papillon autour d’une lampe allumée. Dire que cela me déplaisait serait un mensonge car j’aimais mon compagnon mais maintenant que Côme était à nouveau dans ma vie, beaucoup de mes pensées s’envolaient vers lui. Si bien que ce matin, lorsque mon compagnon est arrivé sous la douche pour faire sa petite affaire, je n’ai pensé qu’un mon garde du corps contre moi. Encore toute retournée de cette situation, c’est le rouge aux joues que je m’installe après avoir commandé un latte et un donuts. Je me suis permis de ne pas attendre Billie pour une fois car j’avais un petit creux et j’avais également le pressentiment d’un retard éventuel. Je commence à la connaître cette chère hackeuse en mal de justice. Penser à elle me fait sourire avant que je me perde à nouveau dans mes pensées aux désirs inavouables.

C’est finalement avec un retard certain que Billie arrive en courant. La voir ainsi me donne aussitôt le sourire aux lèvres et même un petit éclat de rire :

« Ahah… ne t’en fais pas, on a encore du temps avant le début des cours. Vas prendre ta commande, je t’attends. »

Je la regarde alors aller en direction du comptoir pour passer commande avant de repartir dans mes pensées un instant. L’idée que Côme puisse me toucher à nouveau ne me déplaît pas et pourtant je sais que c’est une faute qui me condamnerait à coup sûr. Alors que Billie reviens vers moi, je cligne des yeux à plusieurs reprises avant de demander :

« C’était quoi le gros truc ? »

Alors qu’elle revient en face de moi, m’extirpant à nouveau de mes pensées fugaces et sans retenues, je l’interroge alors sur son « gros truc » qu’elle serait la cause de son retard. Si les idées de ce que cela pourrait être sont dans mon esprit, je me permets de lui demander malgré tout puisqu’il peut s’agir d’un homme ou d’une femme ou bien d’un job. Avec Billie tout est possible après tout et c’est qui fait que je l’adore.  

Sa réponse me donne du grain à moudre certes mais j’ai aussitôt envie d’en savoir. Me redressant aussitôt sur ma chaise, j’ouvre plus grand les yeux et je joins mes mains sous mon menton pour faire ma curieuse :

« Oohhh dis m’en plus, c’est un gros poisson ? »

La seconde activité de Billie est une passion que je ne partage pas vraiment mais elle a toujours des histoires folles et je me dis qu’elle est capable de tout faire avec un ordinateur… Peut-être même me rendre mon indépendance ? Mais pour cela il faudrait d’ores et déjà que je lui parle de mes problèmes et ce n’est clairement pas à l’ordre du jour. En parlant d’ordre du jour, alors que je savoure ma boisson, elle me demande ce qu’il y a de neuf et la première chose qui me vient à l’esprit c’est Côme. Alors, un sourire s’affiche timidement sur mes lèvres et je parle doucement :

« J’ai un garde du corps maintenant… Et tu ne devineras jamais qui c’est ? »

Je lui laisse une chance de trouver mais je sais qu’elle n’a pas revu Côme sinon elle m’en aurait forcément parlé. Le sourire légèrement malicieux sur mes lèvres, je repense à l’homme qui maintenant hante mes pensées les plus secrètes alors que je n’ai pas le droit de rêver de lui…

Voir l’enthousiasme sur le visage de mon amie me donnait le sourire, elle semblait fière d’elle malgré le côté limite de la légalité de ses actions. Je repris ma boisson en main en l’écoutant et avant de porter celle-ci à mes lèvres, je lui soufflais quelques mots :

« Oh, c'est top ça, je suis contente pour toi, même si une part de moi s’inquiète pour toi… »

Je bois une gorgée avant de poursuivre pour lui demander confirmation :

« Tu fais attention hein ? »

Simple question pour me rassurer plus que pour l’inquiéter ou même la juger. Elle était ma meilleure amie et je ne voulais juste pas qu’il lui arrive quelque chose. Mais je sais dans le fond qu’elle fait ce qu’il faut pour être protégée et en sécurité.

En parlant de sécurité, elle me demande ce qu’il se passe de neuf dans ma vie depuis une semaine et bien entendu, je ne peux m’empêcher de lui parler de mon garde du corps qui est clairement le scoop de ma semaine. Même si je n’étais pas ravie d’avoir à faire avec un homme de ce genre, maintenant que je connais son identité, je sais que je ne risque plus rien tant qu’il sera près de moi.

Je rigole à ses propositions, car comme souvent, elle s’enthousiasme rapidement, me proposant même une célébrité que nous adorons toutes les deux, je la regarde avec malice, mais ne répond pas tout de suite. Je la regarde faire sa curieuse autour de nous avant de lui donner une première réponse :

« Ah ah, mais non, ce n’est pas Sebastian et puis malheureusement, il n’est pas là non plus… Pas quand je suis à la fac… »

Je reprends une gorgée en même temps qu’elle avec le sourire aux lèvres. Il n’y qu’avec Billie que j’arrive à retrouver facilement le sourire, c’est fou l’effet positif qu’elle a sur moi. Cela me permet de me changer les idées, mais également de tenter de redevenir celle que j’étais avant.

« C’est quelqu’un qu’on a connu quand on était à la fac justement… »

Je m’approche pour parler à voix basse comme si c’était un secret :

« C’est Côme Hendricks… »