Tu es passablement énervé en cette fin de journée. Non pas que les cours se soient mal passé ou que ton paternel, du fin fond du Canada, t'ait rappelé quelques règles que tu connais par cœur. Ce qu'il fait relativement souvent pour éviter que tu ne fasses trop de vagues. A croire qu'il pense encore que tu n'est encore que cette adolescent perturbateur d'antan qu'il n'arrivait pas à gérer. Tu grognes à l'idée qu'il continuera encore longtemps de faire ça bien que tu lui aies répliqué que tu n'étais plus un gosse et que tu savais te tenir. Mais bon, il n'a pas l'air de s'en soucier, de tes paroles comme de toi, ce connard. Au fond, il ne t'a jamais aimé, tu le sais. Il le sous-entend tellement souvent qu'il l'aurait dit, c'était pareil. Et puis, tu t'es fait à cette idée. Que tu n'es pas le fils qu'il aurait voulu. Que tu l'as déçu.

Déçu.

Tu ris amèrement. Parce qu'entre vous deux, ce n'est pas toi qui a déçu l'autre. Enfin pas le premier en tout cas. Quand on préfère passer tout son temps au travail plutôt qu'à son domicile, on se pose des questions, non ? Pas de signes d'affections ni de paroles valorisantes pendant des années alors que tu tentais tant bien que mal que lui prouver que tu existais. Aujourd'hui, tu es là, en Angleterre parce que tu étais un frein à la grandeur de ta famille. Le petit mouton noir que l'on doit obligatoirement cacher pour éviter tout souci. Ce n'est pas un problème, c'est même mieux ainsi. Mais si à cet instant précis tu es énervé, ce n'est pas à cause de lui. Il a déjà eu assez d'importance dans ta vie pour qu'aujourd'hui, tu ressentes encore quelque chose à son égard. Si tu es dans cet état à l'heure actuelle, c'est parce que tu as entendu des rumeurs concernant une personne à qui tu tiens. Une des rares personnes qui a réussi à creuser dans ta carapace et qui, tout doucement, se fait une place de choix. C'est léger mais assez pour que tu baisses ta garde en sa présence. Et ce que tu as en entendu sur elle te met sur les nerfs. Comment était-ce possible de déblatérer autant sur une personne ? Roxanne ne pouvait pas être de ce genre-là, ce n'était pas possible. Impossible même. Tu ne pouvais pas en croire tes yeux.

Alors tu as fait un peu de recherche, donner quelques billets par ci par là avant d'avoir l'adresse de celle qui pouvait peut-être te répondre. Direction Cowley, le quartier festif préféré des étudiants. Quartier que tu évites à chaque soirée où tu pourrais croiser l'un de tes pairs. Une fois sur place, tu ne sais pas trop par où commencer et puis, par chance, tu  vois celle que tu cherches. Heureusement que l'on t'a passé une photo d'elle, ça aide énormément. « Salut » tu commences par lui dire alors que tu es arrivé à sa hauteur. « C'est Kylie, c'est bien ça ? » tu lui demandes avant de reprendre. « Y aurait moyen qu'on discute en privé. J'ai 2-3 questions à te poser ». T'aimerais qu'elle te dise oui et qu'elle puisse répondre à tes questions.