together we are stronger
feat.   @"Aeden Hayes"   

Quand le téléphone avait sonné, en plein milieu de la nuit, c’était d’abord la pointe de l’une de ses mèches qui avait émergé de dessous la couette. Une seconde était ensuite apparue. Puis une autre, remuant au même tempo que cette main qui surgissait pour mieux se jeter sur l’objet coupable d’avoir ainsi raccourci sa nuit. Une première tentative qui échouait, de manière assez pathétique il est vrai, un grognement puis un soupir et voilà la main qui réitérait et, dans un ultime effort, s’emparait du trophée.

« Qui que vous soyez vous avez intérêt à avoir la meilleure des raisons pour m’appeler à cette heure où j’invoque une armée de démons pour venir vous harceler jusqu’à ce que mort s’en suive !»

Mais le grognement qui commençait à s’exhaler de ses lèvres petit au moment même où repoussant brusquement la couette elle était apparue. La petit fée au nez froncé et aux cils comme saupoudrés de poussière d étoiles avait remué de la pointe de son nez. Trois fois. Un toc chez elle que de toujours faire trois fois quand elle était stressée.

« Ken… Mais qu’est-ce que tu…»

a encore foutu ? Une question qu’elle ne finit pas même d’énoncer. Trop tôt. Beaucoup trop tôt ! Et surtout Olympia savait qu’elle userait en vain sa salive. Une main qu’elle passait sur le sommet de son crâne en une tentative -vaine elle aussi, de discipliner ses cheveux. Et ses yeux qui se mirent à rouler comme des toupies dans leurs orbites : rares étaient les gens à pouvoir supporter les humeurs toujours si spéciales et souvent piquantes de Kendall. Hautain, condescendant et méprisant. Si gâté qu’on le disait souvent -et à raison- pourri par la vie le jeune homme était très loin de faire l’unanimité. Mais entre eux deux cela n’avait jamais été ainsi. Il aimait parfois à dire en plaisantant que leurs étoiles s’étaient choisies. Elle ne répondait jamais.  Plus jeune elle aurait pu tout donner pour entendre pareils mots sortir de la bouche du garçon dont elle était alors éperdument amoureuse. Le bon vieux cliché de la fille amoureuse du bad boy qui, s’il pourrait mourir en la protégeant, la tuait à petit feu à chaque fois qu’il lui racontait ses mille et un coups de cœur. Sans même avoir la pudeur de lui épargner les plus croustillants détails.  Aujourd'hui elle  n’était pas même sûre d’être parvenue à renoncer à la Chimère d’une idylle entre eux mais elle savait que quoiqu’il arrive elle serait toujours là pour celui qui lui avait sauvé la vie.

« Ken ! T’es pas drôle ! Ouvre !»

Dix minutes qu’elle tentait, de toutes ses forces et en apaisant les palpitations assourdissantes à son cœur, d’obtenir une réponse. Mais la porte devant elle ne bougeait pas d’un iota et de derrière rien ne s’élevait si ce n’était que le plus grand angoissant et terrifiant des silences. Son cœur qui se serrait à lui faire mal alors qu’elle se souvenait de ces autres fois… de toutes ces autres fois où le même silence l’avait étreinte. Celui qui suintait par les fissures aux murs et sous les  portes. Celui qui pénétrait les chairs et glaçait les sangs. Celui du doute et de la peur. Combien de fois avait-elle craint de le trouver, étendu à jamais au milieu de ses seules amours, de ses maîtresses chimiques et chéries ? Malheureusement trop pour qu’elle en tienne encore le compte. A  chaque fois elle avait pu le ramener. Aujourd’hui…

« Je te hais !»

Un juron alors qu’elle s’effondrait au sol la lecture du sms tout juste finie. Il allait bien… Il allait bien ! Olympia savait que c’était idiot de pleurer de joie pour un homme qu’elle imaginait déjà mort quand en réalité il était sûrement en  compagnie d’une charmante jeune bécasse. Une idiote à qui il aura souri et aura payé pour lui ses derniers créanciers en en date. Ou elle lui avait payé sa dose allez savoir. Mais elle se retrouvait idiote désignée et surtout volontaire pour garder l’appartement et surtout arroser les plantes de monsieur. Je h oui… Il le lui précisait enfin dans un second message : les clés se trouvaient dans l’applique de droite. Le dire plus tôt c’était trop dur ?!

« Je te hais ! Je te hais ! Je te hais !»

Mais elle alla se hisser sur la pointe de ses tous petits pieds pour aller récupérer les clés dans la cache indiquée. Un appartement dont elle connaissait si bien les moindres recoins qu’elle avait su débusquer un balais qui devait se trouver bien délaissé par son propriétaire légitime. Faire le ménage à trois heures du matin semble étrange ? C’était toujours mieux que de faire la toupie humaine en attendants que monsieur daigne revenir. Pour la libérer, un peu. Pour la rassurer, beaucoup. Alors une fois l’endroit récuré du sol au plafond et la lessive lancée, finie et même si tendue elle s’était effondrée ivre de fatigue sur le lit. Pas franchement la manière dont elle se serait imaginée le tester un jour mais bon…

« Tu sais qu’il faut vraiment que je t’aime pour te laisser me faire poireauter toute la nuit chez toi ?! T’étais où Ken ?!»

Moment de gêne immense alors qu’elle réalisait que l’homme auquel elle venait d’ouvrir n’était pas le propriétaire des lieux mais son frère. Ariel. La jeune photographe le connaissait comme le reste de la fratrie depuis un moment. Depuis ce jour, très gênant aussi, où il l’avait invitée à dîner chez eux. Sans avoir prévenu les parents qui s’étaient aperçus en plein milieu du plat de résistance de sa présence. Ce jour-là Olympia avait cru mourir de gêne. Erreur ! Aujourd’hui était pire !

« Pardon ! Je…»

Ce fut en voyant des expressions étranges traverser le visage du chef qu’elle réalisa la tenue pour le moins minimaliste qui était la sienne. Soit une simple serviette de toilette enroulée autour de son corps dénudé et détrempé.

« Je…La douche ?»

Apprendre à faire des phrases entières pourrait être une bonne idée. Rapidement un bonus appréciable.

« Tu veux un café ?»

Puis s’effaçant pour le laisser rentrer elle s’était dirigée vers la cuisine qu’elle connaissait visiblement aussi fort bien.

« Café ? Thé ? Sinon je sais que ton frère garde ses feuilles spéciales dans la jaquette du film de l’Exorciste. Tu connais Ken il a toujours eu un humour particulier.»

Puis allant dénicher un paquet de gâteaux non périmés elle avait été leur préparer leurs boissons. Se retournant si promptement qu’elle manque de faire tomber sa serviette elle était venue vers Ariel quand un bruit d’explosion se fit entendre dans son dos. La cafetière venait d’exploser.

« Il semblerait que je doive encore une cafetière à ton frère… À la fin ça finit par me coûter plus cher que mon loyer de remplacer tout ce qui explose sur mon passage.»

Elle avait explosé de son rire le plus doux puis proposé

« Si tu as le temps je nous fais passer un autre café et je nous fais des tartines ? Promis normalement je ne fais pas exploser les pains de mie !»

Plongeant dans les yeux du beau blond elle avait mordillé sa lèvre comme si elle hésitait à poser sa question

« Dis… Si tu es là… Ce n’est pas parce que Ken a des ennuis hein ? Je sais qu’il a tendance à parfois dépasser les bornes mais c’est pas un méchant. Vraiment. Parfois il lui arrive même d’être quelqu’un de très bien tu sais ?»

Le coeur est aveugle, c’est bien connu. Même s’il est laissé aux mauvaises adresses.

@Olympia O’Leary