@Dorcas Thomas @Kendall Thomas @Zelda Thomas

L'été était enfin arrivé, vidant le campus et lâchant dans les rues et bourgs alentours des cohortes d'étudiants pour la plupart désœuvrés. Beaucoup flânaient le long des avenues, cédant à la tentation de quelques achats que leur banquier ne manquerait pas de leur reprocher. D'autres savouraient la compagnie de leurs amis et familles. Et puis venaient ces autres qui, comme elle, enchaînaient les heures pour mieux mettre un peu d'argent de côté. Certains s'offriraient l'évasion d'un voyage dont ils avaient rêvé toute l'année. D'autres, plus sages et économes, épargnaient pour une année qui comme les précédentes et les suivantes promettait d'être ruineuse.

Et puis il y avait elle. Encore à part. Toujours à part. Celle avait passé son mois de juillet à parcourir la cordillère des Andes, sac sur le dos et accompagné de ses amis. Elle qui n'avait pas même de raison d'épargner tant il aurait suffi d'un mot de sa part pour que ses parents lui donnent la somme qu'elle souhaitait. Mais l'animal était aussi indépendante qu'elle était fière ou têtue. Et même si personne ne comprenait pourquoi elle s'entêtait à récurer des tables et des friteuses Zelda continuait de travailler dans son fast-food.


« Tu veux bien être bref s'il te plait ? Il y en a qui travaillent ici aujourd'hui tu sais ? avait-elle lancé en entrant comme toujours en retard dans ce salon où ils étaient tous assemblés Qu'y a-t-il donc de si vital que tu aies estimé indispensable de nous réunir ? Ce n'est pas comme si nous ne nous voyions pas tous les dimanches ?»

Un sac US qu'elle lançait non sans une once de colère retenue et avant que d'aller s'avachir aux côtés de @Dorcas Thomas  Rayonnante, comme toujours. Et évidemment le cœur toujours si grand que Zelda aurait pu parier qu'elle avait été la première à répondre à l'appel de son frère. Et le moment où tout partirait en vrille il y avait fort à parier que ce serait elle qui ferait tout pour calmer le jeu.

« Pardon mais est-ce que l'un d'entre vous à songé à demander à maman ce qu'elle voulait au moins ? Non parce que dernier anniversaire -ou pas d'ailleurs-  c'est à elle de décider de ce qu'elle veut en faire.»

Puis elle s'était tue, se roulant en boule contre son  aînée. Zelda refusait encore l'idée de voir la femme qui l'avait élevée et qu'elle aimait comme une mère mourir à son tour. La mort, l'étudiante en sentait encore les relents à sa peau. Les années avaient passé et elle s'était fait sa place dans cette famille mais jamais elle n'avait oublié d'où elle venait. Ne pas en parler ne voulait pas dire oublier.

« Mais pincez moi je rêve ! Le grand @Kendall Thomas daigne se joindre à nous ? C'est ta dernière copine qui te rend sociable et presque poli ? Je suis admirative. Et reconnaissante. Tu nous la présentes quand ?»

Une clope qu'elle s'allumait et son petit corps qu'elle dépliait pour aller se servir un verre tassé. Une gorgée qu'elle avalait et le verre qu'elle levait pour mieux le pointer vers @Ariel Thomas

« Du coup ... C'est quoi ton idée ? Nous réunir okay mais hormis ça ? Et ravale tes conneries sur un cadeau ! Bien sûr qu'il en faut. Plein même ! Si ca doit être la dernière fois alors il faut que ce soit grandiose !»

Et ceci n'était clairement pas négociable.

Kendall avait regardé l’invitation en soupirant. Ce n’était pas le genre de truc auquel il avait absolument envie de participer. Il aurait été d’avis de faire le fantôme, quitte à le regretter par la suite. Il s’était douté que l’après-midi en fratrie cachait d’autres intentions, celles qu’il fuyait avec perte et fracas. Il aurait voulu supprimer le message sans y donner de réponse. Mais Athena l’avait vu. Et pire encore. Elle avait réussi à le convaincre d’accepter. Il n’avait probablement accepté que parce qu’il n’avait pas envie de subir trop de questions de la part d’Athena. Elles finiraient par être posées, bien évidemment, mais il n’avait pas envie que ça soit là. Tout comme il essayait toujours d’éviter certains sujets. Alors il avait répondu par la positive.

Et comme toujours, il s’était arrangé pour être le dernier à arriver. Peut-être qu’il avait un peu picolé aussi. Mais il détestait cette situation. Et surtout il détestait ce sentiment d’impuissance qui le rongeait. Alors il se réfugiait derrière son masque de sale con et il repoussait tout le monde. Ce n’était pas bien compliqué, après tout. Il n’avait jamais été le plus affectueux de la fratrie. Il avait soigneusement cultivé sa place de mouton noir.

Même là, il avait regardé ses sœurs et son frère, déjà installés et lui, il se mettait à l’écart. Un reniflement lui avait échappé.

« Je peux aussi repartir si ma présence t’ennuie, @Zelda Thomas.  »

Il avait roulé des yeux.

« Dans tes rêves. J’ai pas de petite amie. A t’entendre on dirait que je viens d’annoncer des fiançailles »

Kendall s’était renfrogné. Il avait à son tour sorti une cigarette, plus pour se donner contenance que par réelle envie de fumer. Il aurait préféré quelque chose de plus fort. Il n’avait même pas envie de participer à cette mascarade. Ariel et Zelda étaient bien assez enjoués pour qu’il reste neutre.

« C’est juste des funérailles avant l’heure. » avait-il pensé en son for intérieur. Il avait failli le dire à voix haute.

Kendall les avait regardé tous les trois. Il avait eu envie de les secouer comme des pruniers. Etait-ce réellement pour elle que son frère avait lancé cette idée ? Il avait secoué la tête. Lui ne savait rien faire de particulier - rien qui ne puisse être a l’origine d’un cadeau pour leur mère. Il était celui qui s’obstinait à tout faire rater. Il serait sans doute capable de faire crever une plante en plastique.

Il valait mieux qu’il se taise. Parce que toutes les remarques qui lui traversaient l’esprit n’étaient pas vraiment en faveur de la situation. A quoi bon prévoir la fiesta du siècle alors que rien n’était certain ? Il n’avait jamais été du genre optimiste. Il n’avait que des remarques cyniques qui lui venaient. Et il avait beau être un bon menteur, il ne pouvait pas se coller un masque enjouer sur le coin de la figure. Il n’aurait pas du céder à Athena. C’était une erreur de venir et de participer à cette mascarade.

« On dirait que vous avez déjà pensé à tout. Surtout toi, @Ariel Thomas . »

Il s’était relevé et il avait commencé à faire les cent pas. Comment ils pouvaient être si … optimistes ?

« Et tu penses à quoi comme cadeaux, Zelda ? @Dorcas Thomas , des idées ? »

Lui n’en avait aucune, à vrai dire. On est sensé offrir quoi à quelqu’un quand on ne peut pas savoir ce qu’il va se passer ? Et si quelque chose arrivait d’ici là ? Et surtout, est-ce que lui serait capable de prétendre que tout allait bien ? Pourrait-il faire semblant sans que cela ne se voit ? Il en doutait fortement.