Liam & Victorya

Des feuilles recouvraient la totalité de mon bureau. Je crois que je n'aurais jamais un bureau assez grand pour mettre l'entièreté des factures, contrats, bons de commandes que je dois prendre connaissance. Je pouvais passer des heures à tout démêler des transactions, mettre à jour nos données et m'assurer des paiements d'articles pour nos clients.

Mais, vous savez quoi ? J'adore cela ! J'adore avoir la tête remplie de tâches, de responsabilités et d'objectifs. Cela me donne une adrénaline, une force incommensurable. Je me sens vibrant, vivant. On me regarde de haut et je tiens à ce que cela soit respecté. Sinon, je plains celui qui osera me confronter...

Chaque feuille est une possession, quelque chose qui m'appartiens: un club, un employé, une arme...Tout ceci est sous ma direction. Il y a que moi qui décide de ce qui va leur arriver. Une signature et tout change, tout se transforme.

Depuis des années, que je baigne dans cette entreprise familiale. Bien des gens de mon entourage ou des entrepreneurs doutaient de mes capacités ne voyant en moi qu’un petit gamin hautain et bagarreur. Que jamais j’aurais la tête à défendre cet établissement que mon père a bâti. Ils riaient de mes choix, de mes décisions, mais aujourd’hui, ceux-ci ne rient plus et m’appellent Monsieur. Je ne fais que les regarder avec un immense sourire levant mon verre de scotch. La chute est brutal quand on se croit bien haut…plus haut que moi.

C'est pourquoi je ne lâche jamais. Je tiens les reines bien serrés voulant faire de notre famille une forteresse intouchable. Et j'ai réussie rendant mon père fier. Oui, il y a toujours de la compétition, mais je les attend de pied ferme. J'ai cela dans le sang. Je ne peux faire qu'autrement que prendre les devants, foncer et prendre des risques.

Tous ces nouveaux papiers étalés sur mon bureau: les chiffres, les dépenses, les acquis, les nouveaux employés, mes prochaines futurs stars. Tout devait être parfait...

Je veux la perfection. Mon image, ma réputation..tout cela est en jeu.

C'est un stress immense, mais un très bon stress. Elle me donne des frissons, elle me donne de l'adrénaline. Terriblement excitant. Je peux tout perdre, comme m'enrichir encore d'avantage.

Une idée seulement. Un seul désir: mettre la femme en valeur.

Dans l'architecture, dans les drinks, la décoration et sur scène. Sa beauté, ses formes, sa sensualité. Je veux que tout cela se dégage. Dès qu'on entre, on se sent envahit par un extase, un engouement, une pulsion...La femme; quelques unes m'ont marqués à vie. C'était une façon de leur rendre hommage...

Je ne quittais pas mes yeux sur la feuille étant en train de faire mes calculs. La fumée de mon cigario m'entourait et je n'avais presque pas touché à mon café.

Mon stylo sur le papier, j'écrivais plusieurs séries de chiffres fixant toujours cette feuille munis d'un grahique. Je tâtonnais le terrain faisant des suppositions, des calculs sur les bénéfices que j'aurais, prenant connaissance de tous les dépenses que je dois débourser...

Je veux être prudent. J'ai du talent, certes, mais j'ai appris qu'il ne faut jamais croire à un succès constant...

Le temps passe.

J’entend le bruit des premiers clients arrivés du haut de mon balcon; déjà….

Vendredi soir: début des festivités…

Je lançais mon stylo sur mon bureau abandonnant toute nouvelle tentative de travail. Après tout, cela faisait des heures que j'étais ici. Un entretient seulement ce matin avec le chef des opérations. Je devais signer l'approbation des achats de boissons et de la viandes pour la nouvelle semaine.

Mon café était froid et aucunement appétissant. Heureusement, un bon scotch allait me réchauffer un peu. Après tout, je le méritais et ce sera très apprécié entendant le début du spectacle. Je tirais légèrement sur ma cravate donnant un peu plus d’ouverture à mon collet de chemise.

Le vendredi soir, c’était sacrée. On arrêtait tout pour apprécié le moment présent l’un et l’autre; ensemble…

Je versais un 2e verre de la manière qu’elle l’appréciait. Puis, doucement, je sortais une petite boite en velours  de ma poche de veston. Il n’y avait rien à souligner, mais je tenais à cette attention. Lui rappeler combien elle est importante pour moi.

Depuis ce grave événement, ma précieuse s’est énormément fermée. Je ne la reconnaissais plus à certains égards. J’essayais par tous les moyens d’apaiser ses souffrances, son traumatisme. Je ne suis pas médecin, encore moins psy…

Je suis juste un mari follement amoureux qui craint de l’état de santé de sa femme…