together we are stronger
feat.   @Sirius Fleming   

Les jours passaient sans plus vraiment se ressembler. L’été s’en serait bientôt allé sans même qu’elle ne l’ait vu passer. Par la fenêtre sur le rebord de laquelle elle était assise, elle suivait des yeux les volutes vaporeuses émanant de sa cigarette. Un nuage en forme de chapeau biscornu. Un autre en forme de grenouille et d’en bas la clameur du marché qui venait la bercer. Tiens, le marchand de pizza était rentré de vacances ? Sa petite camionnette installée à sa place habituelle il finissait sa mise en place en sortant son panneau présentant ses pizzas du jour. Quand il avait levé les yeux dans sa direction elle avait répondu à son signe par un autre et l’instant d’après l’homme recevait un texto lui demandant de préparer deux pizzas. Une quatre fromages et une à la truffe. Oh ! Et une miniature pour Solal. Jambon, olives vertes sans noyau et fromage de chèvre. Il avait confirmé le tout d’un pouce levé et la si jeune maman avait éteint sa cigarette et s’était levée de son perchoir pour refermer la fenêtre.

Dans le salon, au sol, reposaient en un joyeux foutoir les innombrables jouets de l’enfant. Alice avait été vider son cendrier, en avait même profité pour faire un peu de vaisselle et de rangement. La chambre de son fils était lumineuse et sur les murs couleur grège se détachaient les silhouettes bigarrées de ces personnages de cirque que le petit avait choisis lui-même. Son préféré était cet éléphant majestueux devant lequel il pouvait rester assis un long moment en silence. Les yeux emplis d’étoiles. Dans son lit c’était aussi un petit éléphanteau orange et violet qui patientait d’être serré entre les bras de l’enfant pour que ce dernier s’endorme paisiblement. Un jour, oui un jour, elle l’emmènerait en voir des vrais. Pas dans l’un de ces zoos qu’elle abhorrait ni même dans l’une de ces réserves qu’elle détestait tout autant. Mais elle l’emmènerait les rencontrer chez eux, dans cette nature qu’ils surplombaient de toute leur sagesse.

Le bruit de l’horloge de l’église qui la surprenait même   des mois après avoir emménagé dans le quartier. Midi ? Déjà ? Achevant prestement de ranger ce peu qu’elle avait sorti des rares cartons qu’elle ait daigné ouvrir elle s’était ensuite précipitée dans la pièce qui lui servait de chambre. Un lit, qu’elle n’avait pas même eu le cœur de faire et sur lequel reposait ce sac de couchage dans lequel, nuit après nuit, elle se glissait. Un carton empli de livres pour table de chevet et une lampe dénichée au vide grenier de la semaine passée. Un monceau de vêtements froissés qui ornait une valise et de u milieu duquel elle piocha une robe. L’ironie est parfois cruelle : c’était celle qu’elle portait le jour où Sirius et elle s’étaient croisés à Paris la dernière fois. Il venait manifester. Elle accompagnait son père pour ses affaires. Ils avaient fini par manifester ensemble, bandana sur le nez et poing levé. Un café noisette plus tard ils faisaient l’amour dans une chambre d’hôtel. Le lendemain à son réveil Alice avait trouvé son chapelier fou envolé. Neuf mois plus tard leur petit Solal voyait le jour.

« Mummy ! Mummy ! »

La porte de la cage d’ascenseur qui se refermait et la voix du petit qui résonnait alors qu’il arrivait, balançant de droite à gauche sur ses jambes encore potelées et gauches. Elle s’était agenouillée pour mieux le réceptionner quand, pareil à un boulet de canon, il était venu se jeter dans ses bras. L’enfant serré tout contre son coeur elle l’avait laissé raconter sa première nuit chez l’homme qu’il appelait Pop et vers lequel la minuscule blonde relevait maintenant les yeux.

« Bonjour ! l’enfant pendu à son cou elle s’était redressée Je t’en prie, entre. Et ne t’ennuie pas pour son sac tu peux le poser où tu souhaites. regardant l’heure elle avait roulé des yeux Le temps passe beaucoup trop vite ! Je nous ai commandé des pizzas j’espère que cela te convient ? Sinon il y a d’autres stands de traiteur en bas. Nous trouverons bien quelque chose.»

Elle lui avait confié leur enfant puis s’était empressée d’enfiler son caban Saint Laurent préféré. Le soleil avait beau luire haut dans le ciel le fond de l’air demeurait frais.

« Ca s’est bien passé ? Il ne t’a pas trop ennuyé cette nuit ? J’ avais oublié de te mettre Doumdoum son éléphant et je sais à quel point Solal a du mal à s’endormir sans.»

C’était étrange. De se retrouver ici et ainsi tous les trois. Comme une famille. Enfin presque. Même si…

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feat.   @Alice Irving   

Sirius regardait le petit garçon qui était encore malhabile sur ses petites jambes potelées. Il cherchait dans sa façon de bouger, de parler ou même de rire là où il lui ressemblait et là où il ressemblait le plus à sa mère. Père. Il était père. Il n’aurait pas pensé le devenir si vite. Pas de cette manière en tout cas. Il n’en avait pas encore parlé à ses parents. Il ne voulait le leur cacher, mais il n’en parlerait pas sans l’accord d’Alice. Et surtout, il voulait aussi savoir  comment cela allait se passer avec la jeune femme. Sirius n’était peut-être pas le plus sage des hommes. Il était du genre prêt à tout pour défendre ses convictions. Mais en voyant ce bambin qui l’avait déjà adopté, il se sentait aussi capable d’être prêt à tout pour lui.

Même lui lire et relire une histoire pour l’endormir parce qu’il n’avait pas son doudou et que rien de ce qu’il avait pu lui proposer n’avait pu lui remplacer l’absence de Doumdoum. Et pourtant, Sirius n’avait pas perdu patience. Solal avait fini par s’endormir et lui aussi, mais il n’avait dormi que sur une oreille, inquiet que le petit fasse un cauchemar ou de n’importe quoi d’autre. Il n’avait pas la moindre idée de comment s’occuper d’un enfant de cet age-là. Pourtant, il s’en était plutôt bien sorti, du moins il en avait eu l’impression. Il avait vite été l’heure de retrouver Alice et le père et le fils s’était mis en route.

Pop.

Un simple mot, presque une onomatopée qui le faisait déjà sourire. Solal l’avait déjà adopté et il ne pouvait pas nier que déjà, il ressentait pour le petit bonhomme une autre sorte d’affection qu’il n’avait jamais connu jusque-là. Il avait tout juste eu le temps de déposer son fils au sol qu’il trottinait hors de l’ascenseur en direction de sa mère. Il ne put s’empêcher de rire devant la scène.

« Bonjour. »

Il avait souri en rentrant. L’appartement était encore plein de cartons et Sirius essaya de poser le sac dans un endroit ou il ne gênerait pas.

« Ce sera parfait, ne t'en fait pas. »

Partager des pizzas avec Alice et leur fils ? Ils aurait même pu partager un simple bout de toast, ça lui était égal, du moment qu’ils le faisaient tous les trois. Il avait récupéré leur enfant et il avait remarqué la robe. Celle qu’elle avait portée à Paris cette fois-là. Elle était encore plus belle aujourd’hui.

« J’ai eu un mal fou à l’endormir. Il est aussi têtu que son Pop on dirait. Mais finalement, il a dormi comme un petit loir. Et c’est moi qui n’ait pas totalement fermé l’œil. »

Il n’avait pas cessé de sourire en disant cela et avait déposé un baiser sur la joue de son fils.

« Mais ça ne me dérange pas. »

Non, il le referait sans hésiter.

« Mais la prochaine fois, j’espère ne pas oublier Doumdoum. Ou alors, il faudra un petit frère à Doumdoum ? »

Une façon de dire qu’il voulait faire partie de la vie de Solal. De leur vie.

« Il faudra qu’on parle mais allons chercher ces pizzas ? J’ai assez faim pour en manger au moins deux. » avait-il plaisanté.

Solal toujours calé dans ses bras. Il avait tendu sa main libre à Alice.

« Allons-y ? »

Il avait envie de profiter pleinement de cette journée. Il avait juste envie de profiter du moment, apprendre à connaître Solal… A les connaître tous les deux. Parce qu’au fond, il ignorait encore beaucoup de choses sur Alice. Et il voulait l’apprendre. Ne pas être qu’un étranger qui avait engendré cette petite merveille blottie contre lui. Il voulait, avec l’accord d’Alice être réellement Pop mériter ce nom, faire tout ce qu’un père devait faire. Tant pis si ça jetait l’opprobre sur son nom. Solal méritait d’avoir un père. Il ferait tout pour qu’il en ait un. Si ça voulait dire sacrifier ses études et tout le reste, Sirius n’hésiterait pas une seconde.