together we are stronger
feat.   @Clarisse Bell   

«  J’exige de parler à mon avocat !»

Les yeux de l’homme en uniforme qui se relevaient, pour la énième fois vers le plafond avant que de rouler dans leurs orbites. Encore, et tellement vite cette fois qu’il en eut mal au crâne. Quand il les rouvrit l’énergumène -au visage de poupée mais à la voix de crécelle dès qu’elle montait dans les aigus- était toujours là. Pire, elle avait les mains agrippées aux barreaux tandis que sa tête au teint d’albâtre s’était glissée entre les barreaux. Douée comme elle semblait l’être ce soir là, et avec la malchance qui collait à l’officier Dunham depuis l’aurore, cette andouille bien avinée allait se coincer la tête ! Voir, à la façon dont ses jambes fuselées et montées sur vertigineux talons tricotaient elle allait se faire le cou du lapin ! Au moins elle se tairait ? Réalisant dans un souffle d’agacement à quel point la situation lui avait depuis longtemps échappée et à quel point ses nerfs formaient désormais une sublime et gigantesque pelote… L’homme avait ôté sa casquette, gratté la masse de boucles rousses qui ornait sa tête puis tourné celle-ci en direction de son collègue. Pas mieux loti à vrai dire. Son spécimen à lui était de taille similaire, mais les cheveux étaient plus sombres et les yeux plus proches du jade que de la turquoise. Un peu plus loin leurs collègues bataillaient tout autant avec des énergumènes de tous genres mais ayant pour caractéristique principale d’avoir coulé leur bielle ! Ou une colonie d’araignées au plafond, le résultat étant le même.

« Il se passe quoi ?! Il ont inondé le marché avec une nouvelle drogue ou quoi ?
— Tu veux rire ? Tous nos charmants pensionnaires nous arrivent en droite ligne du séminaire de gestion de la colère qui se tenait ce soir au Health Center.
— Sans déconner ?! s’écriait le rouquin alors qu’il embrassait de nouveau les lieux ressemblant de plus en plus à une annexe de l’institut psy du coin , Il s’est passé quoi ?
— Apparemment intoxication alimentaire ?
— Mais ?
— Le chef cuistot, voulant économiser sur le budget et  empocher la différence, se serait fait refiler un cageot entier de champignons hallucinogènes.
— Magnifique… On a pu joindre le médecin responsable ?
— Elle, oui; avait répondu goguenarde l’une de ses collègues.
— T’es mignonne Middleton mais ton féminisme là j’en ai rien à secouer.  
— Range tes raisins secs Lewis; avait répliqué sur un ton blasé celle qui le sourire en coin lui avait désigné la tête toujours calée entre les barreaux; C’est ta cliente qui était en charge du symposium et de l’atelier.
— Quelle merde…»

Doux euphémisme ! Le patron était sur les nerfs ces derniers jours et le déranger pour une histoire d’individus étant entrés en mode berserk pour avoir mangé des champignons ne semblait clairement pas la plus maline qui soit. Et étant le plus gradé présent il lui incombait de gérer ce bordel. Il aurait vraiment dû être boulanger comme il en rêvait enfant !

« Je veux parler à mon avocat !»

Le pauvre type avait soufflé bruyamment son agacement : maintenant voilà qu’elle se croyait au milieu d’une comédie musicale et chantait -mal en plus- ses répliques ? Si jamais il survivait à cette nuit de l’enfer alors clairement il claquait sa démission !

« Dobson ! Elle est comment la tienne ?
— Aussi agitée que la tienne.
— Alors laissons les réécrire « La la land »  ensemble. On manque de place et la nuit est loin d’être finie. Casons ces deux-là ensemble.
— T’es sûr de toi ? Elles pourraient s’entretuer ces deux furies.
— Tu préfères les entendre sur Grease ?»

Moins de trois minutes plus tard Ayline voyait arriver dans son royaume plutôt précaire du soir une brune pas tellement différente d’elle et apparemment bien intoxiquée aussi. Ou alors c’était sa propre intoxication qui lui faisait avoir des hallucinations. Elle avait frotté ses yeux plusieurs fois, en avait cligné une poignée d’autres et puis son doigt avait pointé le sommet du crâne de la brune

« Les cornes toute roses sur votre tête c’est réel ? »

Se secouant comme si elle avait tenté de remettre sa cervelle à l’endroit elle s’était ensuite approchée et avait froncé son nez

« Clarisse ! Par contre j’arrive pas à remettre votre nom. Vous étiez venue parce que… Ca y est ! Je me souviens ! Vous êtes l’infirmière au caractère de cochon ascendant molosse ! J’étais supposée vous apprendre à gérer votre colère !»

Puis elle avait éclaté de rire en regardant leur cellule de dégrisement

« La bonne nouvelle nous n’avons pas atterri ici pour insultes à agent. Ou alors je ne m’en souviens pas… La mauvaise : j’arrive pas à me souvenir du numéro de mon avocat.»

Un rire de petite fille et

« Comment vous sentez-vous ? Si ce que j’ai entendu dire est vrai on ira mieux demain. Les psychotropes ne feront plus effet.»

Une main qu’elle lui tendit

« Au fait… Je m’appelle Ayline.»