OXFORD MY LIFE
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This used to be our playground feat. Maximilian

@ Georgina Kingsley

Georgina Kingsley
NEWBIE SUR OML
16 16/07/2023

24 self .absolaime britannique mes origines sont un peu plus diverses
#
Sam 2 Sep 2023 - 20:14


together we are stronger
feat.   @Maximilian Shelley   



« Tu es irresponsable !»

La voix de mon père s'était faite si tonitruante que même notre très digne mère en avait glapi de surprise, ses couverts figés dans l'air et sa bouche si grande ouverte qu'une noix de coco aurait pu y loger sans soucis. Lorsque les paumes de l'homme étaient venues frapper le plateau de chêne de notre table c'étaient tous les couverts qui en avaient eu le hoquet. Sa tête à la mâchoire carrée s'était avancée et ses lèvres s'étaient retroussées comme eurent pu le faire des babines impatientes de dévoiler deux rangées de quenottes affamées.

« Te rends-tu seulement compte de ce que tu as fait ?!»

Il se trouvait que, oui et en l'occurrence, j'en étais parfaitement consciente. Et pas peu fière à vrai dire et quand bien même je doutais que ce soit le genre d'insolence que mon géniteur ait eu envie d'entendre. Mais si je pouvais concevoir sa colère je comptais bien qu'il entende aussi la mienne. A mon tour je me relevais. Si brusquement que ma chaise en tomba à la renverse. Et tout comme l'homme qui m'avait élevée l'avait fait quelques instants  seulement plus tôt je frappais de mes paumes la table. Mais ma force n'était pas la sienne et c'est à peine si la surface de l'eau contenue dans mon verre de chez Baccarat en fut émue.

« Oh oui, cher père ! Je sais ce que j'ai fait !»


Nos deux regards, aussi limpides l'un que l'autre, qui se soutenaient et se défiaient.

« Ce que Terry et toi faites chaque jour : je me suis imposée. A la différence près que les idées que je défends sont justes, elles !»


Si mon père avait été une cafetière elle aurait sifflé à en rendre sourds tous les malheureux convives assis à la table du traditionnel brunch dominical des Kingsley. Celui auquel les gens du voisinage et même de plus loin encore faisaient des pieds et des mains pour être invités. Et tant pis si l'on s'y ennuyait tant que j'en avais déjà vus certains se pincer ou se piquer avec leurs fourchettes en argent pour ne pas bâiller ou, même, piquer du nez dans leur porridge. C'était arrivé une fois. Terrence et moi avions eu un mal fou à étouffer ces rires qui avaient secoué nos côtes. A l'inverse du pauvre monsieur qui n'avait évidemment plus jamais paru chez nous. Sous ses dehors altruiste et jovial mon père est un paon. Susceptible qui plus est. Et terriblement vaniteux !

« Georgina Gaia Kingsley ! Je ne t'ai pas autorisée à prendre congés !»

Inutile, cela faisait bien longtemps que je n'attendais plus après sa permission pour quoique ce soit à vrai dire. Et pour avoir hérité de lui mon caractère des plus piquants je savais qu'il valait mieux laisser le temps à la pression de redescendre. Certaines familles jouaient au bridge ou au croquet pour se détendre. Chez les Kîgsley nous nous disputions, chacun ses plaisirs après tout. Mais jamais jusqu'à aujourd'hui n'avais je vu mon père perdre ainsi son sang froid. A sa décharge je dois bien avouer que mon dernier fait d'armes avait de quoi ébranler même le dalaï-lama ! Mon aîné pouvait en témoigner mieux que moi mais notre nom et la fortune familiale étaient les meilleures des assurances contre le renvoi. Mais il faut croire que pousser mes camarades étudiants à faire grève et à boycotter rien de moins que les examens afin de protester contre l'archaïsme d'un système, le tout sous l'oeil des médias contactés spécialement pour l'occasion... Oui, il semblerait bien que mon militantisme -pourtant sincère- soit la goutte d'eau de trop. Au moins nos convives du jour ne baillaient pas et auraient quelque chose de plus intéressant que le menu à raconter lors de leurs pauses café du lendemain !

« Tiens, tu es là ?»


Un sourire qui vint un peu chasser les nuages à mes traits alors que, soignant ma sortie, j'avais eu la surprise de découvrir assis au milieu des autres le fils de nos voisins les plus proches. Rien d'étonnant à vrai dire mais le tsunami qui avait suivi l'annonce de mon renvoi avait quelque peu occulté le reste. Après lui avoir adressé un clin d'oeil je tendis ma main à celui avec qui j'avais partagé aussi bien mes plus belles disputes d' enfance que mes tous premiers émois de femme.

« Tu viens avec moi ou tu préfères rester écouter nos pères se plaindre de l'insolence de leur progéniture ?»


Maximilian et moi entretenions une relation étrange depuis toujours et j'eus été bien en peine de la décrire. A l'université c'était à peine si nous nous parlions. Des salutations lancées de loin, quelques banalités échangées au détour d'une machine à café ou d'un rayonnage de bibliothèque. Nous n'avions ni le même âge ni les mêmes amis. Pour être honnête je fuyais même les siens avec un certain talent. Trop futiles. Trop snobs. Trop... proches de ce que je me devais déjà de supporter dans ma famille. Alors que je sentais le regard d'acier de Terrence peser sur moi je sus qu'il était en colère. Mon petit tour ne lui vaudrait que des ennuis mais comme le dit l'adage «A vaincre sans péril on triomphe sans gloire.» Et s'il y a bien deux choses que mon frère prisait c'était bien celles ci ! Il traverserait l'orage.

« On va dans notre cabane ?»


Cet endroit que nous avions découvert alors que nous n'étions que des gosses et dont nous n'avions jamais parlé à personne. Jamais. Une cabane perdue au fond des bois et qui n'appartenait qu'à nous. Notre refuge. Notre secret. Notre maison comme nous l'appelions alors.
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